Le magazine de mode GQ a mis en place un manifeste à destination de toutes les éditions du magazine à l’international. L’objectif est de mettre encore plus en avant la diversité et, aussi, mettre un terme au concept de masculinité toxique.
Contrairement à d’autres magazines de mode, GQ ne fait pas face au manque de diversité dans ses pages ni aux inégalités salariales dans l’entreprise. Cependant, cela n’empêche pas les hautes sphères du magazine de vouloir s’améliorer le plus possible.
C’est ce que fait savoir Will Welch, le rédacteur en chef de GQ. « GQ a une longue histoire de diversité et je suis très fier de notre situation en termes de personnel et de leadership. Mais oui, il y a des améliorations que nous pouvons et allons apporter.» Pour cela, un « manifeste » sera publié dans toutes les éditions du magazine (soit 21 éditions) du mois de septembre. Intitulé « Change is good » (« Le changement est bon »), le message promet « un accent renouvelé sur la diversité, l’égalité des sexes, la durabilité et la santé mentale », rapporte le site WWD.
GQ profite du changement d’idées et d’idéaux envers la masculinité et la virilité. Le rédacteur en chef Will Welch souhaite surtout sensibiliser les lecteurs sur le fait que GQ leur permet d’être eux-mêmes. Mais comme tout combat, rien n’est gagné d’avance.
Lors de la couverture du mois de novembre 2019, nous retrouvions en couverture du magazine Pharrell Williams. Afin de parler de « la nouvelle masculinité », ce dernier portait une immense cape jaune et traînante jusqu’au sol. Si les professionnels ont trouvé cette couverture « fantastique », le grand public n’était pas aussi dithyrambique. Et les premiers commentaires sur les réseaux sociaux ont accueilli avec beaucoup plus de froideur cette perception « d’émasculation ». « Mes mentions sur Twitter ont été assez marécageuses pendant environ un mois et demi », s’amuse le rédacteur en chef. Mais il persiste et signe sur cette Une. «Demandez à Pharrell s’il se sentait émasculé sur cette couverture. Il ne l’a pas fait. « C’est déjà dans l’air.» Une idée déjà dans l’air, mais peu comprise par la majorité.
Masculinité toxique : une idée qui prend de l’ampleur
Le concept de masculinité toxique repose sur l’idée que l’homme doit être viril et dominant. Cette façon de penser étant dans les mœurs dans la majorité du monde depuis bien longtemps, il est normal que fissurer cette idée fasse peur. Et occasionne des mentions Twitter désastreuses au rédacteur en chef de GQ.
Mais l’objectif reste le même : faire changer les mentalités. GQ le tente avec la couverture de Pharrell Williams et avec des articles sur les nouveaux visages de la masculinité. Avec en tête, l’influenceur Raphaël Carvalho. L’influenceur français est maquilleur professionnel, queer et drag queen. Il joue, sur sa page Instagram entre autres, avec les codes de la masculinité « parce que ce n’est rien d’autre qu’un jeu ». Son rôle consiste à passer d’un genre à l’autre explique t’il au magazine GQ le 18 juin dernier.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le genre « sert à évoquer les rôles qui sont déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes ». Sois l’explication du concept de masculinité toxique.
Et Raphael Carvalho joue avec cela sans se définir véritablement un genre. « « Je suis juste un être humain. J’aime me sentir plus femme un jour et me sentir plus homme un autre jour ». Il entre plus dans le détail : « Je ne me sens pas forcément femme quand je porte des talons. Parce que si la féminité est un ensemble de codes à respecter, la masculinité l’est tout autant. Porter une barbe est un artifice, comme porter du maquillage ». Ce sont ces carcans que GQ, avec son manifeste et ses couvertures, tente de briser.
À l’instar de l’entreprise Gillette, qui a créé le débat avec l’une de ses dernières publicités. Avec son slogan « The best a man can get » (le meilleur qu’un homme puisse avoir) ou en français « La perfection au masculin », Gillette montre que l’homme n’est pas si parfait. Et qu’il est bloqué par les «obligations » dues à son genre. Par exemple, que les garçons se battent entre eux ou que le harcèlement sexuel soit banalisé et normal. Mais la pub termine sur une note d’espoir puisque tout le monde peut changer, et que les jeunes garçons qui mettront fin à cette masculinité toxique deviendront des hommes meilleurs.
Si dans les régions occidentales cette idée commence à faire son chemin, il n’en est pas de même partout.
Le contre-exemple de GQ Moyen-Orient
GQ tente une globalisation de sa ligne éditoriale sur ce sujet, mais cela ne sera pas possible partout. Par exemple, il est impossible pour GQ Moyen-Orient d’avoir en Une Pharrell Williams avec un vêtement ressemblant à une robe volumineuse.
Pour Adam Baidawi, le rédacteur en chef de GQ Moyen-Orient, lancé en 2018, le magazine existe « dans un contexte différent ». Mais assure « nous voulons être un magazine qui jette un second regard sur les oubliés ». GQ Moyen-Orient parle énormément d’histoires centrées sur des femmes, le harcèlement de rue et la santé mentale.
Mais il y a peu de chance pour que des sujets tels que la nouvelle masculinité finisse dans les pages de GQ Moyen-Orient. Car l’homosexualité est encore un crime dans de nombreux pays. Tout comme les relations hétérosexuelles hors mariage. Les mœurs de la région étant ce qu’elles sont, les représentations des hommes et des femmes dans la culture et la société restent très codifiées par le genre.
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