On ne change pas une recette qui gagne, Future nous le démontre une nouvelle fois dans « High Off Life ».
Bien plus actif que sa consoeur hexagonale, la scène US continue de servir la planète en tube de gauche à droite. Après Nav, Chris Brown & Young Thug, c’est au tour de Future d’enfiler son tablier. Le chef étoilé délivrait vendredi avec « High Off Life » son huitième album studio, marquant encore plus sa carrière tout en remettant de l’huile sur le feu.
Une carrière ornée de victoire et de succès. C’est d’ailleurs ce que le rappeur illustre sur sa cover. On le voit les bras en l’air, regardant de haut l’industrie depuis son piédestal, comme si la victoire lui était déjà acquise. Le tout dans un code esthétique correspondant en tout point à son univers. Sombre et centré sur lui même.
Un début d’album très… Futuresque
Originellement titré Life is Good du au succès du single éponyme au côté de Drake. High Off Life débute tambours battant par ce donc Future maitrise le mieux, les intros. Dans la lignée de « Thought It Was A Drought » sur DS2, ou Never Stop dans The Wzrd. Trapped In The Sun résonne en ouverture comme l’arrivée d’un monstre venu tout ravager. Sous un piano, le rappeur d’Atlanta offre un nouveau prélude glaçant, un univers dans lequel il règne en maitre. L’ambiance est posé, Future nous fera du Future.
Derrière Trapped In The Sun, HiTek Tek arrive tristement comme la première faute de l’album. Produit par ATL Jacob, le titre n’est qu’un simple banger de plus à ajouter sur la longue liste du rappeur. Le morceau sonne plus comme un leak promotionnel que comme un titre ayant les épaules pour suivre la lead track d’un projet. Si l’énergie et les gimmicks de Future permettent de donner une certaine vie au morceau. HiTek Tek reste un titre oubliable parmi les 21 du projets.
Southside & Future généralement ça fait mouche, c’est toujours le cas. Touch The Sky aurait été la suite parfaite à Trapped In The Sun. Un titre dans lequel le Roi d’Atlanta illustre toute sa palette technique, avec flow, gimmicks, adblibs. Le tout assaisonné des punchlines toxiques dont lui seul à le secret : « I can tell she got a man by the way she text me n***a ». Le genre de morceau qui te donnerait envie de cash out sur une Rolls Phantom. Mention spéciale pour la référence à Andre The Giant, cocorico.
Avec une jolie transition, l’épilogue de Touch In The Sky nous emmène à notre premier feat. Après High Fashion et First Off, Solitaires marque la troisième collaboration en duo de Future & Travis Scott. Un duo qui dans The Wzrd avait démontré de belles choses sans faire de First Off un featuring d’anthologie. Si Solitaires ne rentre pas non plus dans cette catégorie, le titre à au moins le mérite d’offrir une alchimie digne d’une telle collaboration. Les deux artistes se relaient un à un, le tout avec une synergie incontestable, démontrant une fois encore que la recette d’un bon featuring, c’est de pas la jouer perso.
La noirceur comme maitre-mot
Amateur des morceaux en deux parties, Pluto offre avec Ridin Strikers un nouveau titre du même acabit. Cependant ici la recette ne colle pas. Si la track est en soit un banger avec ses qualités et ses défauts, c’est bien son changement d’instrumentales qui lui faire perdre de sa valeur. Selon moi, l’intérêt d’un morceau en deux parties réside dans sa faculté à changer d’univers ou à changer le rythme grâce à sa transition. Dans The WZRD, F&N & Baptiize offrait ce procédé en apportant, avec la deuxième partie, une valeur ajoutée par rapport à la première. Cependant dans Ridin Strikers, l’instru switch sans apporter de « changement » particulier. Le titre résonne alors comme un banger de plus dans la longue liste de Future.
Si certains peuvent crier au foutage de gueule, One of My est surement l’un des morceaux les plus « Futuresque » de l’album. Dans le titre en question, le MC raconte comment ses proches gagnent fructueusement leurs vies via des business illégaux. Le tout en commençant 97% (chiffres très approximatifs) de ses phrases par « one of my ». Purement trap, le morceau renvoi aux bases de la discipline avec une intonation linéaire accouplé de paroles répétitives. Future avait déjà tenté la même expérience dans Program sur Evol. Un titre dans lequel il finissait la majorité de ses phrases par « program ».
Posted with Demon est quant à lui un titre ayant pour but de régaler ses fans, ses vrais. Un Future sans filtre, égo surdimensionné, haut standing, trap sous un air de requiem, toxic masculinity, tout y est. « Cassually pimping theses bitches, I don’t give a fuck if the bitch is cathlolic ». Posted with Demons définit à lui seul ce qu’est cet album, et qui est son auteur. Future est un trappeur, il fait de la trap et en fera toujours. Un style musical fait d’obscurité et de noirceur, dans lequel seul ses diamants font office de lumière.
TRAP TRAP TRAP
Encore de la trap. Si cela peut paraitre redondant, il faut comprendre que le début du projet est pour ses fans. Hard To Choose One est dans la même lignée que les morceaux précédant. De la trap boxé par un Future toujours aussi misogyne expliquant qu’il a du mal à choisir entre toutes ces filles. Sans être anthologique, le morceau reste un des gros morceaux du projet si vous aimez le « Future Trap ». Le clip est d’ailleurs disponible ci-dessous.
Après 11 ans de carrière, Future reste toujours autant attaché à la jeune génération de rappeur en approche. Sur Trillionaire, il s’associe à YoungBoy Never Broke Again, nous délivrant une chanson passionné qui présente des caractéristiques loins des premiers morceaux. Le titre offre des chants intrépides, accompagné d’un côté mélodique qui manquait à l’album jusque là. Une ballade ghetto qui devrait sans aucune doute avoir le droit à son visuel bientôt.
En voyant une nouvelle fois Young Thug en guest, il était logique de voir en ce morceau une collaboration réussite de plus entre Future et lui. Malheureusement si le titre n’est pas le pire de l’album, il est sans aucun doute à compter parmi les moins bons. On aurait aimé voir un tempo plus rapide du côté de Thug, son passage était cool, mais pas du calibre des duos Future X Thugga sortis précédemment. Un titre à écouter lorsque vous irez faire la tournée des bars de strip de Miami cet été.
Hndrxx
On passe à un autre genre d’ambiance, le Future Hndrxx. Un Future plus introspectif, plus ouvert que dans plus part des autres morceaux de l’album. Dans Up The River, Pluto s’exprime concernant la difficulté de relier vie de couple et vie de superstar. « The way I’m shinning every day, you might get blinded ». Une ode à sa propre vie dans laquelle la solitude et parfois le seul échappatoire. Si vous avez aimé Hndrxx, vous aimerez ce morceau.
Dans Pray for a key, Future raconte son passé de vendeur de drogue. Une époque dans laquelle il était à la recherche d’une porte de sortie, et de sa clef. Très introspectif, le morceau passe en revu la vie d’un homme hanté par le risque découvrant la voie du succès et ses méfaits. Un titre plus profond que les premier, confirmant que la seconde partie de l’album offrira une dimension plus musical.
« Bitch don’t get too comfortable ». Cru, sincère, toxic, Future est lui même dans cet album c’est un fait. Too Comfortable nous le prouve une fois encore avec l’une des plus grosses réussites du projet. La production enivrante de Southside donne à l’album un côté musical très semblable à celui d’Hndrxx sorti en 2017. Future y est fidèle à lui même et demande simplement à sa meuf de ne pas trop prendre la confiance. Le genre de morceau qui nous ferait espérer la sortie d’un nouveau projet de Pluto entièrement produit par Southside. Ces deux là sont beaucoup trop confortables en équipe.
The END
Future est un camélon on le sait. Il nous l’a démontré une fois encore dans All Bad avec Lil Uzi Vert. Le morceau sonnent comme si il sortait tout droit d’un jeux vidéo des années 2000. Ici, Future se colle au style extravagant et je m’en foutiste de LUV. Uzi fait encore une fois office de dessin animé ambulant venu apporter de la couleur à un album très sombre. Pluto et Baby Pluto fusionnent dans un titre portant l’aura de ce dernier, maximisé par l’énergie du premier.
On évoquait tout à l’heure de la faculté dont fait preuve Future lorsqu’il s’agit de commencer ses albums, mais celle qu’il a pour les finir n’est pas mal non plus. Outer Space Bih n’est pas l’outro du projet, mais est la parfaite introduction à l’épilogue de High Off Life. Un titre west-coast avec un beat énergique sous un tempo assez lent, parfait avant la conclusion.
Accepting My Flaws est selon moi le meilleur morceau du projet. Il réunit le style trap de Future, l’introspection de ce dernier, et se fond parfaitement à ce que doit être une outro. C’est à dire un morceau pourvu de l’identité générale du projet. « Out the trap spot I got my dope degree ». Le titre est à la fois sombre, introspectif et énergique, sans résonner comme une copie de ses homologues. Future y évoque tour à tour ses maux et espérance concernant son avenir et ceux des gens qu’il chérit. En bref ce qu’Hndrxx fait de mieux.
Conclusion
A la sortie de The Wzrd en 2019, Future décrivait cet album comme la clôture d’un chapitre. Un épilogue signifiant que High Off Life serait le début d’un nouveau. Cependant après l’écoute de High Off Life il serait objectivement difficile de voir en ce projet un nouveau départ de l’ATLien. Le rappeur ne sort pas de sa zone de confort mais démontre avec brio ce qu’il représente. Il est Future, le Roi de la Trap, celui qui suscitera toujours un attrait particulier au vu de sa carrière atypique.
En conclusion, High Off Life est un voyage à travers un terrain de luxure toxique, de paranoïa sans sommeil, de riches vantardises et de traumatismes profonds. C’est également un autre chapitre du livre de la carrière de Pluto, venu confirmer une chose. On ne change pas une recette gagnante.
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