Si vous appréciez Népal, KKSHISENSE8 va vous plaire. Si vous ne le connaissez pas, le ton est donné dès « Omotesando ». La voix posée du rappeur fait raisonner les rimes internes et les références à beaucoup d’univers qui n’ont à priori rien à voir. Et les punchlines.
« T’es comme Macron : t’es jeune, tu dis de la merde, du coup on t’a signé »
Sur ce titre comme sur tant d’autres, Népal rappe sur le rap, comme dirait l’autre. Sauf qu’avec sa prodigieuse capacité à camoufler des phases géniales derrière un faux-semblant de flemme, ça passe forcément mieux.
Après ses 444 Nuits et sa 445ème nuit, KKSHISENSE8 sera le dernier EP avant l’album. L’artiste l’indique d’ailleurs dans un fichier « Lisez-moi » livré avec la galette (gratuite, en téléchargement sur son site). Sur ce projet de fin de cycle, comme Alpha Wann sur UMLA, Népal choisit la technique et l’authenticité plutôt que le rap commercial. Ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Le flow du rappeur masqué (comme Kakashi) passe sur tous les beats. Notamment sur la mesure rythmée de « 150CC ». Rimes et phases s’enchaînent avant un troisième couplet d’un excellent Gracy Hopkins.
Déjà connu pour ses lyrics en japonais, la moitié de 2Fingz peut changer de langue, y compris au sein d’une même phrase. La preuve nous est donnée sur « City lights », où il est accompagné par son compère Doum’s.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Le8ytzv2L5c]
Donnant l’impression de ne pas se fatiguer, le MC n’arrête cependant pas d’enfiler ses grosses phases sur les instrus fly. « Teczer » n’est qu’un exemple de morceau de très haute qualité technique.
Mais le joyau de la couronne à huit branches reste ce « Babylone », naturellement clipé par l’artiste. Sur une magnifique prod (de lui-même, le beatmaker KLM et le rappeur Népal n’étant qu’une seule personne), Népal récite sa street mélancolie.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=MBBNpl8Lwus]
Népal ne fait pas que débiter son talent sur KKSHISENSE8. Il évolue aussi: il se dévoile juste un peu, tente des flows plus chantés, et certains passages du projet sont agréablement poétiques. « Cloud8 », le dernier titre, reflète parfaitement la sensibilité bien cachée sous la fine technique de l’artiste. Tous les amateurs de vrai rap attendent désormais son premier album, sur lequel, on l’espère, Népal franchira un autre palier. Ce qui serait monstrueux.
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