Felipe Pantone, si vous ne le connaissez pas encore, vous allez être ébloui, au sens propre comme au figuré. Et la réciproque est vraie : si vous avez déjà vu ses œuvres, vous vous en souvenez forcément.
Son travail unique, tant artistique que technique, est difficile à définir. Avec une utilisation minutieuse, quasi obsessionnelle des déclinaisons de couleurs, Felipe Pantone joue avec les dimensions jusqu’à nous donner l’illusion de créer de la 3D sur une surface plane.
Ce sont surtout des fresques murales qui lui servent de support, mais ses graphismes psychédéliques ou stroboscopiques nous donnent l’impression de plonger dans les profondeurs d’espaces virtuels colorés et mouvants.
D’où vient-il ?
Né à Buenos Aires en 1986, Felipe Pantone n’y passera que quelques années avant que sa famille ne déménage dans un petit village au Sud de l’Espagne.
Possédant la double nationalité, cet hispano-argentin a commencé le graffiti à l’âge de 12 ans, et n’a cessé d’affûter son style depuis lors.
Diplômé d’une école d’art à Valence, où il a d’ailleurs installé son atelier, il passera une année dans la prestigieuse école d’art londonienne de Leeds.
Pourtant, Felipe Pantone ne se satisfait pas des cours dispensés et décide d’entamer un parcours initiatique qui lui permettra de trouver son style en explorant la dimension urbaine des grandes villes.
De retour à Valence, il fonde avec Ausias Pérez, un ami espagnol, le crew des DOCS (Doing Original Crooked Shit), qui se fera connaître dans le milieu du Street Art grâce à son travail inédit et élaboré sur le lettrage. Résolument différent de tout ce qui avait été fait jusque ici, Pantone va affiner son style et finira par intégrer l’Ultra Boyz Crew, un groupe de Street Artistes reconnu mondialement.
Définition du style Pantone
Impossible à définir en un seul mot, son art avant-gardiste nous donne du fil à retordre lorsque on essaie de le décrire.
Depuis la révolution numérique, notre environnement s’est profondément transformé, et c’est ce que Pantone essaie de retranscrire avec ses créations parfois psychédéliques et hypnotiques.

Faisant fusionner le graffiti conventionnel, la typographie et l’abstraction, il utilise les bases du design graphique pour créer des formes géométriques sur-évoluées. Le tout, présenté souvent en mouvement, nous donne une esthétique moderne et futuriste.

Se qualifiant lui-même d’ « enfant de l’ère internet », l’artiste s’amuse avec notre époque et sa propension à placer les nouvelles technologies au cœur de notre vie quotidienne, nous rendant dépendants d’une surabondance d’images et de symboles. Felipe Pantone se dit lui-même fasciné par le fait qu’internet nous donne accès instantanément, en un clic dit-on aujourd’hui, à toute l’histoire de l’humanité.
Ainsi, l’artiste met en avant des notions très contemporaines et universelles telles que le temps, le mouvement, la saturation, l’aliénation et la destruction.
Felipe Pantone essayant lui-même de se définir : « Mon travail est le reflet de mes expériences et de ma vision du monde. La révolution numérique a transformé le monde qui est aujourd’hui plus dynamique et connecté. J’essaye de retrouver cette sensation dans mon travail en utilisant des éléments et des compositions dynamiques. »
Si l’on tient absolument à lui coller une étiquette, son style serait un mélange entre art cinétique et glitch art. En effet, il est capable de reproduire, sur un support concret, ce que fait un écran d’ordinateur lors d’un bug, ou encore d’autres artefacts. Il s’amuse aussi à représenter des images abstraites comme si elles avaient été photographiées en pleine course.
Un street artiste ultra prolifique
Ayant voyagé partout dans le monde, les fresques de Felipe Pantone peuvent êtres admirées dans les plus grandes mégalopoles. Elles sont souvent signées Pant1.

Mais son travail existe tant dans la rue qu’en atelier. Ainsi, il utilise toutes sortes de support : murs, toiles, mais également compositions en 3D.
Pantone a une multitude d’œuvres d’art à son actif. S’il travaille ses compositions d’abord sur ordinateur, notons que c’est à la bombe qu’il les reproduit ensuite. Quand on voit la précision que demandent ses créations, on peut, sans trop se mouiller, affirmer que Felipe Pantone maîtrise cet outil à la perfection.

A chacune de ses expositions, il attribue un nom particulier, qui souvent reflète bien l’univers du digital et du numérique. Cette année par exemple, il a exposé à Paris et à Bruxelles. Les noms de ces exhibitions étaient « Dynamic phenomena » pour Paris, et « Excès de vitesse » à Bruxelles ».

Demandant l’engagement et la participation du spectateur, les œuvres de Felipe Pantone rendent des formes abstraites, des graphismes inanimés en objets vivants, capables de relief et de mouvement.
Arrêtons de tergiverser, et admirons plutôt le travail de ce visionnaire…
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