Le rappeur Chanje a sorti son nouveau projet « Pacemaker » le 13 février dernier. A cette occasion, nous sommes aller le rencontrer.
Tu as sorti ton EP « Pacemaker », quel est ton ressenti après avoir sorti ce nouveau projet ?
Je dirais que je suis soulagé. On a travaillé des semaines sur le projet, et maintenant c’est disponible pour tous, donc je dirais que je suis soulagé et content évidement. Il y a des retours positifs, le public est réceptif donc c’est super.
C’est ton deuxième projet, après « ONI » en 2018. Dans ton premier projet il y avait 4 titres, et maintenant il y en a 9. Quelle a été l’évolution dans ta manière de travailler entre ces deux projets ?
La principale différence entre ces deux projets, c’est l’aspect professionnel. Premièrement parce qu’il y a maintenant plus de moyen. J’avais un réalisateur artistique sur ce projet et plus de personne autour de moi pour m’accompagner. Avec le temps, ma manière de fonctionner a évolué, que ce soit artistiquement ou dans l’écriture. Je ne suis plus la même personne que lorsque j’ai fait « ONI ». J’ai pris du galon entre les deux projets.
Tu avais un temps imparti pour réaliser ce projet ?
On a planché sur le projet pendant environ 2 mois. C’était un peu la course à certains moments pour finir. On travaillait environ 15h par jour, c’était un sacré rythme. Si on avait ce temps imparti, c’était aussi pour pouvoir gérer la stratégie, mon image et tout ce qui venait par la suite.
« Je pense juste à faire de la musique »
Tu l’avais déjà dit auparavant, le rap c’est plus qu’une passion pour toi, tu as toujours voulu en faire ton métier. As-tu une idée précise de là où tu veux emmener ta carrière ou tu ne penses pas à cela ?
Je n’ai pas forcément en tête une idée de carrière précise. Bien-sûr que je veux les disques d’or et de diamant. Pour le moment je ne sais pas si dans 10 ans j’aurai un label, une marque de vêtement, je ne me pose pas ce genre de question. Aujourd’hui je pense juste à faire de la musique. Je sais que j’ai toujours voulu en faire. Evidement lorsque tu es plus jeune, tu ne l’assumes pas forcément devant la conseillère d’orientation, mais je sais au fond de moi, que j’ai toujours eu envie de faire cela. C’est après le baccalauréat que je me suis vraiment décidé en me disant « si tu ne le fais pas maintenant, tu ne le feras jamais ».
Pourquoi « Pacemaker » ?
Pace que j’ai écrit un morceau qui s’appelait « Pacemaker », et dans ce son il y avait cette phrase « je vis sous pacemaker ». A mes yeux c’était le morceau le plus fort du projet donc avec tout le monde, on s’est dit qu’il fallait l’appeler « Pacemaker ». Derrière l’idée de « Pacemaker », il y a également le fait que c’est un objet qui permet de vivre. C’est l’idée comme quoi « j’ai plus de cœur, c’est ce qui me permet de vivre, c’est ce qui me rattache à la vie ».
En écoutant le projet, en partant de « Adossé » à « vibe », le premier et le dernier morceau, on s’aperçoit que les deux commencent avec des battements de cœur, et se terminent avec de la musique électronique. Comme si ce projet racontait le cercle de la vie, avec les battements de cœur, des paroles très sombres qui expriment ce que tu ressens, et une musique électronique qui représenterait la montée au ciel.
C’est un peu ça. Je suis très content que tu l’aies perçu comme ça, parce qu’on s’est embêté avec ces fameux battements de cœur. Nous n’avons pas exactement pensé comme cela, mais c’est génial que tu aies ton interprétation. C’est aussi ce pourquoi je fais de la musique. Dans « Adossé », ceux sont des vrais battements de cœur, puis c’est un petit peu dissimulé dans chaque morceau. On les entend, en effet, beaucoup sur « vibe ». Les battements de cœur ont un effet beaucoup plus électronique. C’est-à-dire que plus le projet passe, plus le projet devient électronique, plus j’ai besoin d’assistance. Il y a un rapport important à la vie et la mort là dedans.
« La musique est très importante à mes yeux »
Dans ce projet, tu parles énormément de toi. Tous les artistes ne le font pas forcément. Tu es jeune et tu parles de sujets sensibles de manière « décomplexée ». Pour toi, est-ce que la musique est une forme de thérapie ?
J’ai commencé le rap comme ça. Je voulais évidemment « kicker » au début pour faire comme les artistes que j’écoutais, et puis au fur et à mesure, la musique m’a permis de parler de moi. La musique est très importante à mes yeux, elle est même vitale. Sans la musique, je serais probablement mort aujourd’hui. Cependant, je ne dirais pas forcément que j’écris sur des sujets sensibles de manière aussi décomplexée. Quand le projet est sorti, la première chose que je me suis dite c’est « mais je suis fou de parler de choses aussi personnelles sur mes projets ». De toute manière je ne sais pas écrire autrement. S’il y a une personne qui se reconnaît dans mes morceaux, et si cela peut l’aider, c’est super. Quand j’avais 15 ans, je sais que le rap m’a énormément aidé.
Les « instrus » utilisées dans le projet sont très variées. T’avais envie de toucher un peu à tout dans ce projet ou tu avais une idée bien précise ?
J’écris et je produis beaucoup au feeling. Je n’ai pas envie de me cantonner à un style précis, j’ai vraiment envie de toucher à tout. Dans ma musique j’ai toujours chanté, donc j’ai une palette assez variée. Maintenant l’idée c’est de cadrer le tout, que ce soit compréhensible pour la personne qui écoute. Je ne prévois pas à l’avance à quoi va ressembler le projet. Je fais, puis une couleur se dégage. Je tiens à préciser que toutes les « prod’ » ont été faites par Hermann Shank, qui a fait un travail génial sur ce projet.
« SCH est une référence »
Dans ton projet j’ai conservé deux phrases, la première : J’écoute temps mort, j’écoute A7.
Je me reconnais beaucoup dans la musique de SCH. C’est une référence. Le projet « A7 » est juste exceptionnel. « Rooftop » qui est sorti dernièrement est aussi incroyable. Il a sorti une phrase qui m’a énormément marqué dans son featuring avec Ninho « garçon tu as du potentiel, mais tu ne les feras pas danser ». Je me suis souvent reconnu là dedans. Pour l’anecdote, le refrain de « night » a un air de SCH, et c’est Hermann Shank qui me l’a fait remarquer donc j’ai décidé de rajouter cette référence dans le morceau.
…et la deuxième « Je regarde le monde de ma place, les lois permettent de violer les gosses ». Quel point de vue vis-à-vis de la société as-tu ?
« Night » est le seul morceau où je parle des problèmes de notre société. Ce que je veux dire par cette phrase, c’est que si t’es riche et blanc, tu peux détourner des millions comme Balkany et tu sortiras de prison. Lui sort parce qu’il est en dépression mais c’est le cas pour 40% de la population carcérale. Comme tu as dit, c’est une forme de dégout. Dans ce morceau, ce que j’exprime c’est que chez moi c’est sombre mais cette société l’est encore plus. Après je ne me sens pas en position de donner un avis sur tout, je ne suis un expert dans aucun domaine. Je n’ai pas la vérité absolue, je suis mieux que personne.
Maintenant que Pacemaker est sorti, as-tu une idée pour la suite ?
Je ne sais pas vraiment sous quel format sortira le prochain projet. Pour le moment, je retourne en studio, j’écris mes musiques. On verra plus tard, quand tous les sons seront la table ce qu’on en fait.
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