Le mouvement Black Lives Matter crée en 2013 par une association de femmes noires afro-américaines, se veut et se bat pour les vies noires. Au fil des dernières décennies et siècles, les personnes noires d’Afrique en passant par l’Amérique, ont été asservies, diminuées physiquement, culturellement, humainement. Voici un article pour comprendre la naissance du BLM et ses enjeux.
DES RAPPELS DU PASSE QUI RESONNENT ENCORE
Plusieurs associations et mouvements anti-racistes et coloniaux ont surgi suite à des siècles d’oppression. D’abord les multiples révoltes et guerres anti-coloniales dans les colonies et ce dès le XIXème siècle. S’en suit, de la mouvance du nationalisme noir, née en 1850 aux Etats Unis, alors que le pays pratique encore l’esclavage. Par la suite, sont apparus des courants politiques/religieux comme le Rastafarisme et la Nation of Islam dans les années 1930, suivies par les écoles de pensée anti et post-coloniales formées d’intellectuels tant francophones qu’anglophones des Antilles avec Aimé Césaire à l’Inde avec Arjun Appadurai. Et des luttes pour les droits civiques, menées par le célèbre Martin Luther King dans les années 60. Mais ces dernières années, un mouvement a particulièrement bouleversé l’histoire des Etats Unis et a encore une forte influence presque 60 ans après : le Black Panther Party. Crée en 1966 en Californie, le mouvement se veut de philosophie marxiste et afrocentrée. Le Black Panther Party a mené une lutte acharnée et radicale contre l’oppression institutionnelle exercée sur les populations noires aux Etats Unis. Manifestations chocs ou patrouilles armées ainsi que des actions sociales et communautaires (distribution de repas, soins médicaux ou encore la réhabilitation post-alcoolisme). Le Black Panther Party fondé par Huey P. Newton et Bobby Seale a compté parmi ses rangs des figures aujourd’hui encore emblématiques telles que Afeni Shakur (mère du rappeur Tupac), Assata Shakur (tante du rappeur) ou encore Angela Davis. Au vu de sa contribution majeure aux communautés noires américaines partout dans le pays, le mouvement a très vite attiré l’attention et subira énormément de pression politique et fédérale qu’on a pu voir au travers des emprisonnements massifs de la plupart de ses membres phares, dont certains sont encore emprisonnés à l’heure actuelle.
Le Black Panther Party aura eu une « courte » durée d’existence mais aura pendant cette période de près de 15 ans, fait énormément. Le mouvement a permis de montrer au monde entier les problèmes inhumains auxquels les afro-américains devaient faire face même après la ségrégation. Aujourd’hui même si plusieurs mouvances associatives se disent enfants du Black Panther Party, peu d’organisations de cette ampleur, ont atteint sa notoriété planétaire. Et cela jusqu’à l’avènement du Black Lives Matter. Ce qui choque est qu’en 60 ans, la condition noire américaine n’a presque pas changé. Et les revendications des deux partis vont presque dans le même sens. Tandis que le Black Panther Party était une entité révolutionnaire de libération qui avait même son propre programme en 10 points, le Black Lives Matter, lui, est plus un mouvement politique. Mais le mouvement Black Lives Matter qui surgit près de 60 ans après, reste un indicateur alarmant essentiel de l’état social et racial actuel des Etats Unis. Le mouvement BLM est surtout né pour faire entendre les voix des personnes noires et rendre justice aux vies noires d’abord tuées injustement par les forces de la police car dans les années 60 quand on tuait les personnes noires par pur racisme le Black Panther Party était là ; donc il est tout à fait normal qu’en 2020, qu’un constat quasi similaire, implique que le BLM prenne le flambeau pour dénoncer ces injustices. Des injustices qui à l’ère du numérique, sont de plus en plus visibles sur les réseaux sociaux.
BLACK LIVES MATTER DESCENDANT DU BLACK PANTHER PARTY ?
On en vient à se demander si le mouvement Black Lives Matter est un descendant du Black Panther Party. Un descendant peut-être moins radical mais qui se bat pour les mêmes causes : faire reconnaître l’humanité des personnes noires et leur redonner leur droit de vivre avec dignité sans remettre sans cesse leur humanité en cause pour leur couleur de peau. Black Lives Matter a gagné plus d’ampleur au fil des années. Brusque éveil populaire ou simple fatigue générale, quoi qu’il en soit, le mouvement qui a moins de 7 ans, a aujourd’hui une résonance mondiale car les injustices raciales le sont. Cela va au-delà des bavures policières, le combat du mouvement est presque humaniste car les personnes noires ne meurent pas que sous les coups de la police aux Etats Unis mais aussi en Occident et dans le monde entier. Elles sont quotidiennement discriminées dans toutes les couches de la société. Des femmes noires meurent dans les hôpitaux pour cause de mauvais traitements médicaux notamment lors d’accouchements ; les enfants noirs sont dès le plus jeune âge obligés d’endosser des stéréotypes associés à leur couleur de peau et leurs origines. Sans oublier, le contrôle au faciès ; les inégalités salariales et à l’emploi ; les ségrégations immobilières ; le traitement médiatique, la vie des personnes noires ne s’est que peu améliorée.
Et les soulèvements populaires de ces dernières semaines, symbolisent plus qu’un simple ras-le-bol. Les manifestations qui partant des Etats Unis, ont déteint sur le monde entier car les personnes noires subissent ses mauvais traitements à l’échelle planétaire. En France, avec les morts d’Adama Traoré en 2016 ou même avant avec Zyed et Bouna en 2005 et tant d’autres ; en Angleterre avec l’incendie de la tour Greenfell en 2017 à Londres où officiellement près de 80 personnes dont beaucoup de personnes noires et de couleur, sont mortes et dont l’expertise juridico-policière et l’affaire ont beaucoup trainé. Le traitement des personnes noires dans la majorité des pays occidentaux est sans appel : CATASTROPHIQUE. Le Black Lives Matter matérialise toutes ces injustices vécues partout dans le monde. Né aux Etats Unis, les révoltes qui ont éclaté fin mai 2020 à Minneapolis suite à la mort de George Floyd, rappellent les révoltes pour les droits civiques aux Etats Unis dans les années 60. Des révoltes qui médiatiquement sont de moins en moins relayées, mais qui continuent depuis près de 3 semaines et qui ont donné « le la » à des centaines d’autres.
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